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Médicaments à l’unité : des économies toujours pas démontrées

La vente de médicament à l’unité est une idée séduisante mais dont l’intérêt économique reste à prouver. Les résultats d’une expérimentation menée en France ne permettent toujours pas de savoir si ce mode de commercialisation permet vraiment de dépenser moins.

 

Pour tous ceux qui ont dû, un jour, entamer une boîte entière de médicaments pour deux malheureux comprimés, la vente de médicament à l’unité apparaît comme une mesure de bon sens. Néanmoins, cette délivrance du nombre exact de comprimés ne permet pas forcément de faire des économies. D’un côté, la collectivité ne paie pas les comprimés superflus. Mais de l’autre, elle doit rémunérer le travail du pharmacien pour la préparation des comprimés nécessaires : les sortir des boîtes, les compter, les conditionner pour les patients, fournir la notice, etc. Il faut donc s’assurer que les dépenses supplémentaires ne l’emportent pas sur les économies générées.

C’était l’un des objectifs d’une expérimentation, menée en France entre 2014 et 2015, dans 100 pharmacies, portant sur la dispensation d’antibiotiques à l’unité. Les résultats publiés début octobre dans la revue américaine Plos One (1) sont, à ce titre, décevants : « Nous avons dû renoncer à faire une étude standard d’évaluation coût-bénéfice parce que l’équilibre des prix, des honoraires et des coûts sont apparus trop complexes à estimer », déplorent les auteurs. Si, même sur une seule classe de médicaments (les antibiotiques) et dans seulement 100 pharmacies, les retombées économiques ne peuvent pas être calculées, on imagine combien il sera compliqué d’évaluer si le dispositif permettrait d’économiser de l’argent à plus grande échelle.

MOINS DE CACHETS DANS LA NATURE

Néanmoins, cette expérimentation apporte quelques éléments intéressants. Environ 6 prescriptions d’antibiotiques sur 10 ne correspondaient pas aux formats de boîtes existantes. Dans ces cas, la vente à l’unité a permis de réduire de 10 % le nombre de comprimés délivrés aux patients. Ceux qui ont bénéficié d’une telle dispensation à l’unité ont déclaré plus fréquemment avoir fini leur traitement (aucun comprimé restant). La dispensation à l’unité présente dans ce cas un intérêt philosophique et écologique : elle évite le gaspillage et que des médicaments inusités, qui sont au mieux rapportés en pharmacie et recyclés, finissent jetés à la poubelle. Cet avantage est particulièrement marqué pour les antibiotiques à risque de résistance qui faisaient l’objet de cette étude. Il n’est cependant pas généralisable. Pour de nombreuses autres classes de médicaments, comme ceux des maladies chroniques (hypertension, diabète, etc.), la dispensation à l’unité n’aurait pas ce genre d’intérêt. Avec ces médicaments pris en continu (on finit une boîte, on commence la suivante), ni avantage économique ni avantage écologique ne sont à attendre.

NOTES

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