Homologation des voitures – Des valeurs officielles plus réalistes
Depuis le 1er septembre 2018, tous les véhicules doivent être homologués selon un nouveau protocole de mesure de leurs émissions et de leur consommation : le WLTP, plus proche de la réalité que l’actuel NEDC. Judicieuse sur le fond, cette évolution risque d’avoir des effets pervers en janvier 2019.
Que Choisir dénonce depuis longtemps l’obsolescence de la norme d’homologation des véhicules NEDC (1) entrée en vigueur en 1973. Avec comme conséquence des valeurs de consommation, d’émissions de CO2 et de polluants annoncées par les constructeurs très loin de la réalité. Mais, à partir du 1er septembre 2018, tous les véhicules (sauf ceux en fin de vie ou en stock) doivent se soumettre à un nouveau protocole, le WLTP (2) censé mieux représenter l’usage réel de la voiture.
Un protocole plus proche de la réalité
La nouvelle procédure WLTP prévoit une durée d’essai plus longue, une vitesse maximale rehaussée et des mesures plus complexes. Par exemple, en démarrage à froid (14 °C), quatre plages de vitesse sont mesurées sur le banc d’essai à rouleaux : jusqu’à 60 km/h, jusqu’à 80 km/h, jusqu’à 100 km/h et à plus de 130 km/h. Au cours de ces phases, le véhicule accélère et freine constamment et la vitesse maximale est supérieure de 10 km/h par rapport à celle du NEDC. En outre, la vitesse moyenne est d’environ 47 km/h (environ 33 km/h pour le NEDC). La température dans la chambre d’essai est fixée à 23 °C, alors qu’elle se situe entre 20 et 30 °C pour le NEDC. La procédure WLTP dure environ 30 minutes contre seulement 20 pour le NEDC. La distance « parcourue » a également plus que doublé et passe de 11 à 23 km. Enfin, contrairement au NEDC, le WLTP prend en compte les équipements en option ayant une influence sur le poids, l’aérodynamisme, la résistance au roulement et les besoins électriques (courant « de repos »). Cela impose donc aux constructeurs de tester a minima les finitions de base et haut de gamme pour chaque modèle équipé d’un même moteur. Par contre, les équipements en option nécessitant du courant, comme la climatisation ou le chauffage, restent éteints pendant la procédure d’essai, comme auparavant.
Un double affichage
En fait, le protocole WLTP est entré en vigueur en septembre 2017 pour les nouveaux modèles de véhicules, sans que les constructeurs ne soient obligés de mentionner ces relevés. Depuis cette date cohabitent donc des voitures homologuées NEDC et WLTP, des protocoles incomparables entre eux ! Afin de ne pas pénaliser les nouvelles voitures par rapport aux modèles anciens encore homologués en NEDC, l’Union européenne a donc mis en place un mécanisme transitoire nommé « CO2MPAS » qui permet d’extrapoler depuis les valeurs WLTP des valeurs dites « NEDC corrélées ». Les constructeurs pourront toujours afficher cette valeur en attendant l’obligation de l’affichage des valeurs WLTP en janvier 2019. Et, pour compliquer le tout, jusqu’en janvier 2021, les deux valeurs (NEDC corrélé et WLTP) pourront cohabiter.
L’imbroglio du CO2
Si on peut se satisfaire de cette nouvelle procédure d’homologation, qui donne des chiffres plus proches de la réalité, se pose le problème des taxes liées aux émissions de CO2 (bonus/malus écologique, TVS pour les entreprises…). Concrètement, il s’agirait d’une augmentation des valeurs officielles de consommation et d’émissions des véhicules comprises entre 25 et 40 % ! Ce bond des émissions « officielles » de CO2 a en effet de fortes chances de faire basculer certains modèles dans une catégorie fiscale bien plus sévère. Autre effet pervers, sachant que les moteurs Diesel émettent (à puissance équivalente) moins de CO2 que les moteurs à essence, n’est-ce pas prendre le risque que cette motorisation retrouve grâce aux yeux des automobilistes malgré ses défauts intrinsèques ?
(1) NEDC : New European Driving Cycle (nouveau cycle européen de conduite).
(2) WLTP : Worldwide Harmonized Light Duty Test Procedures, que l’on peut traduire par « procédure de test pour véhicules légers harmonisée au niveau mondial ».