Données personnelles : ATTENTION !
Depuis l’entrée en vigueur du Règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD), le 25 mai 2018, les consommateurs reçoivent de nombreux messages les invitant à revoir les paramètres de confidentialité de leurs différents comptes Internet. Les sites doivent en effet obtenir l’accord des utilisateurs pour continuer à collecter les données personnelles qui ne sont pas indispensables au service qu’ils proposent. Dans une étude publiée aujourd’hui, nos confrères norvégiens du Forbrukerrådet estiment que Facebook, Google et Microsoft orientent délibérément les utilisateurs vers les options qui les arrangent, en usant d’astuces graphiques et sémantiques. Et s’interrogent sur la compatibilité de telles pratiques avec la nouvelle réglementation.
L’œil humain est plus attiré par un gros bouton en couleur que par un petit texte gris clair. Dans l’univers du Web, tout le monde l’a compris depuis longtemps, et c’est grâce à des repères visuels que les sites guident les internautes dans leur navigation. Mais quand les géants du Web abusent d’astuces graphiques pour pousser les utilisateurs vers des choix qui les arrangent, la pratique n’est-elle pas éthiquement contestable ? C’est ce qu’affirme le Forbrukerrådet, qui publie aujourd’hui une étude accablante sur les pratiques de Facebook, Google et Microsoft en matière de collecte de données personnelles. Les homologues norvégiens de l’UFC-Que Choisir ont en effet analysé les messages que ces trois géants ont envoyés à leurs utilisateurs pour se mettre en conformité avec le Règlement européen sur la protection des données personnelles (RGPD), en vigueur depuis le 25 mai 2018. Conclusion : ces messages affichent un design, des symboles et des mots délibérément choisis pour détourner les utilisateurs des options les plus respectueuses de leur vie privée.
DES INTERFACES TROMPEUSES
La nouvelle réglementation entérine un principe fort, couramment appelé le « Privacy by default » (ou « vie privée par défaut »). Concrètement, tous les sites Internet doivent garantir par défaut le plus haut niveau possible de protection des données. L’étude montre que dans les pop-ups affichés à l’attention de leurs utilisateurs, Facebook et Google n’ont fait que peu de cas de ce principe. Comme on le voit sur les captures d’écran ci-dessous, le pop-up de Facebook exige de l’utilisateur qu’il clique sur « Manage data settings » (« gérer les paramètres de confidentialité ») pour refuser les publicités basées sur les données de partenaires. Si l’utilisateur clique tout de suite sur le bouton bleu, plus visible, ces publicités sont automatiquement acceptées.
De même, chez Google, l’utilisateur doit se rendre dans son compte pour désactiver la personnalisation des pubs et le partage des applications utilisées. Forbrukerrådet se réjouit toutefois que l’historique des positions de l’utilisateur et ses activités vocales et audio soient désactivées par défaut.
UNE ARGUMENTATION FALLACIEUSE
Nos confrères norvégiens s’agacent par ailleurs de l’information partielle que Facebook et Google donnent à leurs utilisateurs concernant certaines options. Facebook présente ainsi la reconnaissance faciale comme une aide pour « vous protéger d’inconnus qui utiliseraient votre photo », sans l’informer du scope complet des utilisations potentielles. Comme par exemple utiliser les expressions du visage et les émotions pour afficher des publicités ciblées.
Autre exemple chez Google cette fois. Lorsqu’un utilisateur a désactivé la publicité ciblée, Google lui explique que la publicité qu’il verra « sera inutile » et insiste en lui demandant de confirmer à nouveau son choix.
Chez Microsoft, la mise à jour de Windows 10 consécutive au règlement européen présente le fait d’accepter la publicité ciblée comme une expérience positive, une idée brillante, plus optimiste et donc plus engageante qu’un défaitiste refus.
RÉCOMPENSES ET PUNITIONS
Dans leurs argumentations pour inciter les utilisateurs à autoriser la collecte de leurs données, Facebook, Google et Microsoft jouent aussi à récompenser les choix qu’ils considèrent comme corrects et à « punir » ceux qui lui sont défavorables avec des menaces. S’il refuse les conditions mises à jour, l’utilisateur n’a alors d’autre choix chez Facebook que de supprimer son compte.
Les conclusions de cette étude interrogent sur un point. Ces pratiques sont-elles vraiment en accord avec le RGPD ? Elles semblent non seulement contraires au « Privacy by default », mais, de surcroît, le texte du règlement est précis concernant la manière dont l’utilisateur donne son accord au recueil de ses données : la demande doit « être présentée sous une forme qui la distingue clairement », « compréhensible et aisément accessible, et formulée en des termes clairs et simples » (art. 7). Les astuces graphiques et sémantiques des géants du Web ne correspondent pas exactement à cette définition… C’est pourquoi l’UFC-Que Choisir a décidé d’interroger la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) sur ces points.
Démarchage téléphonique
Aux députés de raccrocher !
Alors que la proposition de loi reprenant les demandes de l’UFC-Que Choisir de mieux encadrer le démarchage téléphonique était débattue hier en commission des affaires économiques, je n’ai pas manqué de suivre les discussions…
Si la plupart de nos demandes (renforcement des sanctions, mise en place d’un indicatif pour mieux signaler les appels de prospection, réduction du nombre de dérogations aux démarchages permis) ont été adoptées, les députés sont en revanche revenus sur une mesure phare du texte : la mise en place d’un système d’opt in… Pourtant, ce système exigeant l’accord express des Français pour être démarchés téléphoniquement (comme pour les courriels et les mails) existe et fonctionne très bien dans une dizaine d’Etats européens, notamment en Allemagne.
Comment les membres de la Commission des affaires économiques ont-ils pu céder, selon toute apparence, à l’argument fallacieux de l’emploi pour maintenir le système actuel ? Ne savent-ils pas que la plupart des démarchages se font depuis l’étranger… ? Mais surtout, alors que les autorités comme le Médiateur national de l’Energie épinglent comme nous une recrudescence du démarchage téléphonique, malgré la mise en place de Bloctel, dispositif à l’efficacité défaillante, que ces appels exaspèrent les Français, et que les secteurs qui recourent le plus au démarchage sont également ceux où l’on constate la plus grande conflictualité, il est grand temps de prendre à bras le corps le problème et d’assainir le secteur…
Pas moins de 115 000 consommateurs avaient d’ailleurs signé l’an dernier notre pétition en ce sens. Le texte doit encore être discuté en Séance la semaine prochaine. J’espère donc que les députés feront preuve de lucidité, puis de volonté pour prendre l’ensemble des mesures réellement à même de maîtriser ce harcèlement téléphonique, source non seulement d’exaspération, mais aussi, et surtout, d’un nombre insupportable de litiges.
Homéopathie : un médicament ?
Fin mai, la ministre de la Santé Agnès Buzyn relançait le débat sur l’homéopathie en indiquant que ces produits devraient être évalués selon les mêmes critères que les autres médicaments. Pourtant, des évaluations existent déjà. Elles conduisent même à se demander s’il s’agit de médicaments.
« L’homéopathie n’a jamais été évaluée comme un médicament. » En faisant une telle déclaration sur les ondes de France Inter, fin mai, la ministre de la Santé a relancé le débat sur le remboursement de ces produits de santé. Non que les sommes engagées soient énormes. L’Assurance maladie indique avoir remboursé 56 millions d’euros environ en 2017 pour les spécialités homéopathiques, sur un total de près de 19 milliards de médicaments. La majorité de ces produits, disponibles sans ordonnance, sont en réalité achetés directement par les consommateurs. Au-delà de la question du remboursement, c’est donc une question de principe, sur la nature des produits homéopathiques, qui se pose.
L’ÉVALUATION EXISTE
En réalité, l’homéopathie a déjà bien été évaluée comme un médicament. Certes, ces évaluations n’ont pas été passées en revue par les autorités sanitaires. En raison d’une dérogation réglementaire, ces dernières autorisent et remboursent l’homéopathie sans demander les preuves d’efficacité et d’innocuité normalement exigées pour tous les autres médicaments. Mais des essais scientifiques d’évaluation existent, notamment pour les traitements « non individualisés » – c’est-à-dire les traitements homéopathiques qui ressemblent aux médicaments conventionnels (en boîte, à dose standard, pour une pathologie) tels que Oscillococcinum ou L52 contre les états grippaux, ou encore Camilia contre les poussées dentaires douloureuses. Non moins de 75 essais cliniques concernant 48 problèmes de santé ont par exemple été référencés par le Dr Robert Mathie, de l’Institut de recherche sur l’homéopathie, à Londres(1). Mais une analyse de toutes ces études montre que trois seulement ont une méthodologie suffisamment rigoureuse pour conclure. Et ces trois études ne montraient pas d’effet particulier de l’homéopathie. Pour les traitements homéopathiques individualisés (c’est-à-dire les traitements avec des tubes de granules prescrits au cas par cas par le médecin homéopathe), l’évaluation semble plus difficile à mettre en œuvre. Mais, là encore, il existe des essais. Et, là encore, les experts jugent la qualité des essais insuffisante.
REMBOURSONS LE CARRÉ DE CHOCOLAT
Le 5 juin dernier, une décision de justice vient d’autoriser le système public de santé britannique (NHS) à dérembourser les produits d’homéopathie. L’autorisation du premier d’entre eux, par les autorités sanitaires en 2009, avait donné lieu à d’étranges circonvolutions : « Les résultats des essais cliniques et des études fournis n’ont pas permis d’établir les effets cliniques de l’arnica, mais indiquent qu’il pourrait y avoir une tendance en faveur de la démonstration de certains effets bénéfiques de l’arnica dans certaines situations(2). »
La ministre, Agnès Buzyn, n’a pas dit autre chose quand elle a, dans un premier temps, défendu le maintien du remboursement en invoquant un probable « effet placebo » et en remarquant que « ça ne fait pas de mal ». De fait, l’homéopathie a un effet placebo. Cet effet, considéré à tort comme un effet imaginaire, est un remède puissant et réel. Dans la douleur ou contre la dépression, son efficacité est incontestable. C’est donc très bien d’avoir un effet placebo, mais ce n’est pas suffisant pour être défini comme un médicament. C’est pourquoi, d’ailleurs, l’autorisation et le remboursement des médicaments (qui ont tous une part d’effet placebo) reposent sur la démonstration d’un effet supérieur à celui du placebo.
Tout ce qui « fait du bien et ne fait pas trop de mal » ne peut évidemment pas prétendre à un remboursement. Les exemples ironiques se sont multipliés sur les réseaux sociaux (#demandetonremboursement). Pourrait-on imaginer rembourser… un massage ? Un verre en terrasse ? Un carré de chocolat ? Les balades à vélo ? Une soirée avec l’être aimé ? Voire le repos ? Toutes ces choses plutôt bonnes pour la santé ne sont pas des médicaments. Sous la légèreté du propos se profile une question plus profonde. Les produits d’homéopathie seraient-ils même des médicaments ? Sur le site du ministère de la Santé, la définition d’un médicament commence ainsi : « le médicament contient un principe actif ». Or, les produits d’homéopathie sont obtenus par un si grand nombre de dilutions qu’il ne reste plus de principes actifs détectables.
NOTES
(2) Relaté dans « Homeopathy : not a matter for drug-regulatory authorities », The Lancet, 2009. La traduction est de notre fait.
Complémentaire santé
Lisibilité en berne, dérive des frais de gestion
Alors que les négociations sur le reste-à-charge zéro en santé touchent à leur fin, l’UFC-Que Choisir dévoile aujourd’hui son étude sur un volet crucial et pourtant trop discret de la réforme : les complémentaires santé. Forts de plus de 40 milliards d’euros de cotisations, les organismes complémentaires d’assurance maladie (OCAM) vont voir leur rôle encore se renforcer avec les évolutions envisagées. Or, notre étude montre, à partir de l’analyse des documents commerciaux de 29 organismes et de 207 avis d’échéance, les nombreuses défaillances du secteur. C’est pourquoi l’UFC-Que Choisir appelle les pouvoirs publics à une action résolue pour s’assurer qu’une concurrence raffermie remette au service des consommateurs le secteur de l’assurance santé.
Une hausse des cotisations trois fois supérieure à l’inflation depuis 2006
La cotisation moyenne à une complémentaire santé s’élève en 2017 à 688 € par an, soit 47 % de plus qu’en 2006. Les cotisations complémentaires ont ainsi progressé trois fois plus vite que l’inflation sur la dernière décennie. Si des hausses de fiscalité sur les contrats sont intervenues, elles ne justifient que moins du tiers de la progression des cotisations. L’explication est donc également à chercher du côté des frais de gestion.
L’inquiétante dérive des frais de gestion et de communication
Les organismes complémentaires ont en effet dépensé 7,2 milliards d’euros en 2016 pour leurs frais de gestion, soit 20 % des cotisations hors taxes. Sur ce total, plus de 2,8 milliards d’euros ont été consacrés aux frais d’acquisition, notamment en publicité et communication. Sur certains contrats, c’est même plus. Aidée par les consommateurs qui ont répondu à son appel, l’UFC-Que Choisir a décortiqué plus de 200 avis d’échéance d’assurance santé. Il en ressort une très grande variabilité des frais de gestion des contrats santé individuels, qui s’étalent de 9 % à 42 % des cotisations. Et ces dépenses semblent hors de contrôle : depuis 2010, les frais ont augmenté deux fois plus vite que les remboursements accordés aux assurés ! Les économies d’échelle promises par les OCAM, dont le nombre diminue à grande vitesse depuis quinze ans, ne sont pas au rendez-vous.
Un taux de redistribution de moins des deux-tiers en assurance individuelle
Si l’on y ajoute les taxes et la marge des organismes assureurs, les consommateurs sont donc loin de s’y retrouver. En moyenne, seulement 70 % des cotisations reviennent à la communauté des assurés sous forme de prestations, et même 66 % pour les contrats individuels. Pour les contrats avec le plus de frais, le taux de redistribution des cotisations descend même sous les 50 % : moins d’un euro cotisé sur deux revient alors aux assurés.
Lisibilité des garanties : les promesses de Gascons des OCAM
Ces dérives ont prospéré, protégées par l’illisibilité de bon nombre de garanties santé, ce qui en empêche largement la comparaison et donc atténue la concurrence. Ainsi, après avoir passé au crible les documents commerciaux de 29 des principaux OCAM de la place, notre étude montre que les engagements pris en 2010 par la profession ne sont pas tenus. 80 % des OCAM n’utilisent pas le vocabulaire commun défini, 38 % jouent de la confusion entre les remboursements de l’assurance maladie et les leurs, et 62 % continuent à utiliser des pourcentages de remboursement au-delà de 100 % (jusqu’à 300 %, 400 % voire 500 %) pour les soins dentaires. Comment s’étonner alors qu’un sondage exclusif1 nous apprenne que 37 % des consommateurs estiment difficiles à comprendre leurs garanties santé, et que 48 % ne soient pas en mesure de connaître à l’avance leur remboursement pour des soins importants non récurrents ?
Alors qu’en l’état, la réforme du reste-à-charge zéro va pousser à la hausse les cotisations decomplémentaires santé, l’UFC-Que Choisir rappelle au gouvernement ses engagements en faveur d’une intensité concurrentielle renforcée sur ce marché pour contrer cet effet néfaste, et demande :
– l’encadrement par la réglementation de la lisibilité et la comparabilité des offres d’assurance complémentaire santé ;
– la publication de l’arrêté prévu par la loi Hamon (2014), pour que soit publiée dans les brochures d’assurance santé une liste standardisée de remboursements, exprimés en euros ;
– une meilleure transparence sur les frais de gestion, avec en particulier une information sur le taux de redistribution disponible avant la souscription.
NOTES
Reste à charge : 0 ?
La réforme qui agite le monde de la santé depuis un an touche au but : les annonces sur le dispositif de « reste à charge 0 » (RAC 0) sur l’optique et les audioprothèses sont attendues pour la mi-juin, alors que vient d’être signée une nouvelle convention entre l’Assurance maladie, les complémentaires santé et les chirurgiens-dentistes. Si les usagers et les consommateurs ont été exclus de la négociation, ce que je déplore amèrement, je tiens à partager avec vous des réflexions sur les dernières avancées du projet, dont certaines toutes récentes.
Pour rappel, l’objectif est ambitieux et salutaire : s’attaquer au reste à charge sur les trois postes de soins à l’origine de plus des trois quarts de cas de renoncement aux soins dans notre pays. La méthode retenue n’est pas non plus dénuée d’intérêt : définir un panier de soins « RAC 0 » de qualité, accessible à tous les Français, pour lequel le prix est négocié à la baisse et les remboursements (assurance maladie et complémentaires) à la hausse. Et accompagner le mouvement de mesures pour peser également sur les prix des produits hors panier RAC 0. Mais il est à redouter que, de concessions en concessions, la réforme se transforme en des gains supplémentaires pour les professionnels de santé, supportés financièrement par la communauté des consommateurs.
La première alerte vient de l’accord sur le dentaire. Il faut saluer l’esprit de la réforme, vers une meilleure rémunération des soins conservateurs en échange d’un plafonnement du prix des prothèses. Mais que cet accord est coûteux ! Alors que les dentistes font déjà partie des professionnels de santé les mieux rémunérés du pays, loin devant bon nombre de spécialités de médecins, ils ont réussi à arracher une augmentation de près de 250 millions d’euros par an de ce que leur rembourseront sécu et complémentaires… autrement dit, de ce que paieront les consommateurs par leurs cotisations.
La deuxième alerte est toute récente : le schéma de réforme pour l’audioprothèse présenté hier par le gouvernement au Comité consultatif du secteur financier (CCSF), dans lequel nous siégeons, est loin des ambitions initiales. Si le panier « RAC 0 » est maintenu (mais à quel niveau ?), on ne trouve plus trace du plafonnement du prix des audioprothèses en dehors de ce panier. Avec un risque : la baisse de marges consentie par les audioprothésistes sur les offres sans reste à charge risque d’être répercutée violemment sur les consommateurs, en inflation sur les autres produits. Quant à la dissociation entre le prix d’achat de l’audioprothèse d’une part, et le coût du suivi annuel d’autre part, elle aussi est passée à la trappe.
Je souhaite donc que le gouvernement tienne bon dans la dernière ligne droite de négociations, à la porte desquelles il aurait gagné à ne pas laisser les consommateurs et usagers, pour revenir à une vision ambitieuse du reste à charge zéro : une action sur les prix résolue et structurelle, pour ne pas que les consommateurs paient doublement cette réforme, en inflation sur les produits hors du panier « RAC 0 » d’une part, et en hausses de cotisations de complémentaires santé d’autre part.
Projet de loi agriculture et alimentation : la grande désillusion !
A l’issue de l’examen par les députés du projet de loi agriculture et alimentation, la moutarde me monte au nez en voyant se confirmer mes craintes initiales que les agapes des Etats Généraux de l’Alimentation n’aient été qu’une mascarade pour faire avaler des hausses de prix aux consommateurs sans ambition aucune concernant l’élévation de la qualité de l’offre alimentaire.
Alors que l’UFC-Que Choisir, aux côtés de nombreux représentants de la société civile, avait formulé des propositions innovantes pour une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous, Stéphane Travert, aux fourneaux, nous a concocté son projet de loi en suivant la vieille recette du pâté d’alouette : un cheval de mesures rédigées par les lobbys professionnels, à peine relevé de quelques mesurettes progressistes.
En effet, les 50 % de produits plus durables en restauration collective (il faut relever, ce que font rarement les médias qu’on est en présence d’une notion floue car il n’est pas question de produits bios) ou l’amélioration de l’étiquetage des aliments, ne sauraient faire oublier que le Gouvernement a servi aux députés un projet de loi bien light, allégé de toutes les avancées que les professionnels ne voulaient digérer, et a bloqué bon nombre d’initiatives des représentants de la Nation. A la poubelle la transition écologique de l’agriculture ou l’amélioration de la qualité nutritionnelle, place au relèvement du seuil de revente à perte (SRP) occasionnant aux consommateurs entre 1,5 et 5 milliards d’euros d’inflation en deux ans ! A la trappe l’évaluation indépendante des molécules de pesticides ou l’augmentation des effectifs des services de contrôle, place à l’encadrement des promotions sans la moindre démonstration de son impact sur le revenu agricole ! Même sur un dossier aussi crucial que la protection des enfants contre le marketing, le Gouvernement a cédé au lobbying éhonté des chaînes de télévision, récemment révélé par la presse.
Enfin, je ne peux terminer ce billet sans m’insurger contre les propos du Député Jean-Baptiste Moreau, rapporteur du projet de loi, affirmant devant l’ensemble des députés que l’étude qui nous a permis d’estimer l’impact inflationniste du relèvement du SRP serait « sponsorisée par Michel-Édouard Leclerc ». Je réfute absolument cette affirmation inadmissible, alors que l’UFC-Que Choisir a toujours défendu avec la plus grande vigilance son indépendance, notamment vis-à-vis des intérêts professionnels ou politiques, et que cette étude n’est que la traduction de la propre étude d’impact… du Gouvernement ! Mais si le nom de notre Association a été cité à cette occasion, j’en tire au moins la gloire qu’en rendant le SRP compréhensible aux médias et aux citoyens, nous aurons obligé les promoteurs de cette mesure à avouer à demi-mot son incapacité à relever le revenu agricole. Alors que Jean-Baptiste Moreau avouait n’avoir aucune garantie que la marge dégagée soit versée aux producteurs, Stéphane Travert, quant à lui, qualifiait la mesure de « pari ». Un pari, quel aveu, mais qui ne fait prendre le risque qu’aux consommateurs !
Ayant fait ce triste bilan, c’est désormais au Sénat que l’UFC-Que Choisir entend porter son combat, notamment en faisant entendre la voix des près de 250.000 consommateurs réclamant, comme nous, l’inscription dans la loi de l’engagement présidentiel d’interdire le glyphosate sous 3 ans.
Hausses des tarifs Bouygues Télécom !
Derrière le courriel intitulé « Votre forfait évolue » que Bouygues Télécom a fait parvenir à certains de ses clients fixes et mobiles se cache une augmentation de tarif qui, si on n’y fait rien, doit prendre effet 1 mois plus tard. Une technique que Free et SFR ont étrennée par le passé.
Clients Bouygues Télécom, vérifiez vos courriels. Ils pourraient vous réserver une surprise. L’opérateur vient en effet d’informer une partie de ses abonnés fixes et mobiles que le prix de leur forfait allait bientôt augmenter de 3 €/mois. Intitulé « Votre forfait évolue », le message insiste avant tout sur les « enrichissements exclusifs » dont vont pouvoir bénéficier les heureux élus, en l’occurrence plus de data pour les clients mobiles et, pour les clients fixes, soit les appels illimités vers les mobiles en France et vers certains pays étrangers, soit la suite de sécurité Norton. Ce n’est qu’en lisant les petites lignes qui suivent que l’on découvre que ce « cadeau » est assorti d’une augmentation de tarif à partir du mois suivant.
Heureusement, cette augmentation n’est pas une fatalité. En lisant la suite du message, l’abonné découvre qu’il dispose de 5 mois pour renoncer à ce changement tarifaire à condition d’en faire la demande dans la rubrique « Mon compte » de son espace client en ligne. Si cette manipulation intervient après l’augmentation de tarif, il sera remboursé des sommes versées en trop. Mais sans action de sa part, il sera considéré comme avoir accepté le nouveau tarif.
Imposer une nouvelle offre tout en proposant à ses abonnés de la refuser, Bouygues Télécom n’est pas le premier opérateur à le faire. Free a été le premier à utiliser cette astuce pour imposer sa nouvelle offre Freebox Panorama et SFR l’a imité peu de temps après pour faire passer l’augmentation de ses forfaits fixes. Il faut dire que cette technique permet aux opérateurs de contourner l’interdiction qui leur est faite d’imposer des options payantes sans l’accord de l’abonné. Elle leur permet surtout de faire passer leurs augmentations de tarif sans braquer leurs clients les plus soucieux du prix qu’ils paient et qui pourraient profiter de l’occasion pour résilier leur abonnement.
PRATIQUE
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Traitement Alzheimer : il ne sera bientôt plus remboursé !
Depuis longtemps, on les savait inutiles, voire dangereux : les médicaments utilisés dans la maladie d’Alzheimer ne seront plus remboursés à partir du 1er août prochain.
À partir du 1er août prochain, les médicaments actuellement prescrits dans la maladie d’Alzheimer ne seront plus remboursés. Il s’agit de l’Aricept (donépézil) et de ses génériques, de l’Ebixa (mémantine) et de ses génériques, de l’Exelon (rivastigmine) et de ses génériques, ainsi que du Reminyl (galentamine) et de ses génériques. Cette décision, prise par la ministre de la Santé Agnès Buzin, est la conséquence logique d’une récente réévaluation par la Haute Autorité de santé (HAS). Sans surprise, le nouvel examen du rapport bénéfices/risques de ces quatre spécialités a conclu à un très petit effet sur la maladie, surtout à long terme, en contrepartie d’effets secondaires digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques graves au point, parfois, d’obliger à l’arrêt du traitement.
Le débat sur les médicaments luttant contre la maladie d’Alzheimer n’est pas nouveau. Leur faiblesse est connue depuis plusieurs années, mais en raison de fortes résistances du côté des gériatres et des neurologues, ainsi que de l’association de patients France Alzheimer, les autorités de santé n’avaient pas, jusque-là, osé prendre le taureau par les cornes pour les sortir de la prise en charge nationale. L’argument des sociétés savantes et de l’association France Alzheimer pour conserver les médicaments dans l’arsenal thérapeutique ? Les médicaments structureraient la prise en charge de la maladie, et permettraient de conserver un lien entre le patient et le médecin ! Drôle de conception de la place d’un médicament, qui ne repose plus sur son action chimique mais sur son rôle social…
Il est vrai toutefois que la prise en charge des démences (Alzheimer, Parkinson, etc.) souffre de carences fortes, et nécessiterait une mobilisation et des moyens plus importants de la part des pouvoirs publics. Agnès Buzyn a promis qu’un effort serait fait pour améliorer l’encadrement médical des patients et pour soulager l’entourage des personnes malades.
Certification, label, normes, réglementation … Quelles différences ?
Vous souhaitez en savoir plus sur toutes ces appellations ?
Regardez cette vidéo pour mieux comprendre 🙂 : https://www.youtube.com/watch?v=oIf6G3PoJdM
Freebox : Succomber aux nouveaux tarifs … ou pas
Free a décidé d’augmenter tous les tarifs de ses forfaits Freebox de 5 €, en proposant un tarif promotionnel la première année. Au final, ces nouveaux tarifs peuvent valoir le coup, sous certaines conditions.
Free n’aura pas attendu longtemps pour réagir ! Quelques jours seulement après avoir annoncé la première baisse d’abonnés fixes de son histoire (– 19 000 au premier trimestre 2018), l’opérateur a dévoilé un changement à 360° de sa stratégie commerciale. Alors qu’il nous avait habitués à ne pas faire comme les autres, il s’est résolu à appliquer les mêmes méthodes que ses concurrents. Fini les offres promotionnelles temporaires via le site Vente-privee.com qui attiraient surtout des clients friands de bons plans (susceptibles de partir dès qu’ils trouvent une meilleure offre ailleurs). Désormais, l’opérateur applique un tarif promotionnel la première année à tous ses nouveaux clients, comme le font Orange, SFR et Bouygues. Une stratégie qui a pour principal avantage de permettre à l’opérateur d’afficher un prix bas en gros caractères (9,99 €/mois pour la Freebox Crystal et seulement 19,99 € par mois pour la Freebox Révolution, par exemple), et ainsi de bien figurer dans la plupart des comparateurs (mais pas forcément dans celui de Que Choisir, qui prend en compte les tarifs hors promotion). Ce n’est qu’en lisant les petites lignes, juste en dessous, que l’on apprend que ces forfaits seront facturés respectivement 24,99 et 44,99 € par mois au terme de la première année, soit 5 € de plus qu’avant. Qui plus est, chaque offre est désormais soumise à un engagement de 12 mois, ce qui n’était pas le cas jusque-là.
UN MAUVAIS COUP POUR LES CLIENTS FIDÈLES
Mais alors, ces tarifs valent-ils le coup ? Oui, à deux conditions. La première, c’est de s’y prendre vite. Pour l’instant, Free a promis d’appliquer le tarif promotionnel la première année jusqu’au 29 juin prochain. Nul ne sait s’il sera reconduit au-delà, même si on voit mal Free se priver d’un prix d’appel indispensable pour attirer les abonnés. La seconde condition, c’est de ne pas rester client trop longtemps. Si le tarif promotionnel de la Freebox Révolution permet de faire une économie substantielle de 240 € la première année par rapport au tarif précédent, ensuite, le coût augmente. Au-delà de 5 ans d’abonnement, les dépenses totales seront même plus élevées qu’avec l’ancien forfait. Dans ce cas, mieux vaut opter pour l’ancien tarif qui reste accessible en cliquant depuis la page d’accueil du site Free.fr sur le bandeau « Accédez à nos offres historiques Freebox ».
Si Free se lance dans cette stratégie, c’est d’une part parce qu’il sait que la plupart de ces nouveaux clients resteront chez lui pendant longtemps. Notre dernière enquête sur le sujet montrait que les abonnés étaient en moyenne clients depuis 9 ans chez leur FAI. Le fait est qu’entre les démarches administratives compliquées, le remplacement du matériel et les risques de voir leur connexion interrompue, beaucoup d’abonnés à l’Internet fixe préfèrent garder les services de leur FAI, quitte à passer à côté d’offres plus intéressantes. D’autre part, ces nouveaux tarifs, s’ils sont plus élevés qu’avant, restent dans la moyenne de ceux de la concurrence. La Livebox Play Fibre d’Orange est facturée 47,99 € (28,99 €/mois la première année) et la Box Power de SFR coûte 44 €/mois (29 €/mois la première année) avec, chacune, un débit maximal plus faible. Seuls Bouygues Télécom et les opérateurs low-cost (Red, Sosh, etc.) proposent des prix plus intéressants, mais avec un service inférieur. Reste enfin à savoir si ces tarifs s’appliqueront pendant longtemps. Free a en effet promis de lancer une nouvelle box avant la fin de l’année, et rien ne permet de savoir aujourd’hui si les clients qui se seront engagés pour 1 an pourront en bénéficier dès sa sortie.