Boissons sucrées : une nouvelle taxe soda votée par le Parlement
Les députés ont adopté une nouvelle taxe soda. Jugée inefficace dans sa version précédente datant de 2012, cette nouvelle version sera indexée au taux de sucre des boissons. Elle sera donc plus incitative pour les industriels, qui auront tout intérêt à revoir leur formulation pour ne pas perdre de bénéfices.
« Le sucre tue énormément ! », déclarait la ministre de la Santé Agnès Buzin à la télévision mardi 24 octobre pour justifier la revalorisation de la taxe soda, votée dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 octobre dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale.
Pour les boissons sucrées, la taxation se déclenchera à partir de 1 gramme de sucre pour 100 millilitres (ou 1 kilo par hectolitre) contre 5 ml auparavant. Fixée actuellement à 7,53 € par hectolitre pour toutes les boissons concernées, elle progressera désormais jusqu’à une vingtaine d’euros par hectolitre pour un produit dépassant 11 g de sucre ajouté pour 100 ml.
TAXATION PROGRESSIVE
Une progression continue et non par palier comme cela fut envisagé initialement, afin d’inciter les industriels à réviser leur recettes, « même d’un gramme », selon le rapporteur général du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018, Olivier Véran.
Quant aux formules édulcorées, soumises actuellement à la même taxe que les boissons sucrées (7,53 €/hl), la nouvelle version de la taxe soda réduira le niveau de taxation à 3,5 €/hl. Les deux taxes seront également cumulables dans les produits mariant les deux composants, à l’instar du Coca-Cola Life, composé de 30 % de stevia (un édulcorant) et de 70 % de vrai sucre.
Cette taxe dite « comportementale » n’aura atteint son but que si elle se répercute sur les achats des consommateurs. Au-delà des fabricants, la balle est dorénavant dans le camp des distributeurs, qui décideront ou non de faire ressortir les différences entre les sodas en répercutant cette taxe sur les prix en rayon. Au risque, dans le cas contraire, que la taxe soda fasse un nouveau flop.
Ingrédients indésirables dans les cosmétiques : la DGCCRF dans les pas de l’UFC-Que Choisir
Suite à notre enquête sur les ingrédients indésirables présents dans les produits cosmétiques et à notre saisine des autorités, la Répression des fraudes est allée sur le terrain pour mener ses propres contrôles. Elle en a tiré les mêmes conclusions que l’UFC-Que Choisir et a sévi.
« À la suite de signalements, parus dans la presse consumériste en juin 2017, dénonçant la présence sur le marché de 23 produits cosmétiques contenant de la methylisothiazolinone (MIT) et de l’isobutylparaben, la DGCCRF a […] mené une enquête ciblée de recherche de produits cosmétiques susceptibles de contenir ces conservateurs prohibés. » C’est peu dire que le communiqué de presse de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) du 26 octobre nous emplit d’une satisfaction certaine. Car les signalements en question proviennent de notre enquête qui, en juin dernier, nous a permis de référencer plus de 1 000 produits cosmétiques contenant au moins un ingrédient indésirable. Une liste si longue qu’il nous a fallu la diviser en 8 grandes catégories (maquillage, soins du corps, soins du visage, déodorants…).
À la suite de quoi la DGCCRF a ciblé son action sur les produits contenant les conservateurs interdits depuis juillet 2015 (isobutylparaben) et février 2017 (MIT). Comme l’UFC-Que Choisir, elle a retrouvé ces conservateurs dans 23 produits, qui ont fait l’objet d’une prescription de retrait immédiat de sa part. D’autres produits sont également concernés, le total atteignant plus de 140 références. L’autorité administrative a même repéré des fabricants qui « se sont efforcés d’écouler leurs stocks jusqu’à une date très proche de l’entrée en vigueur de l’interdiction ». Pire encore, « deux fabricants ont même poursuivi l’utilisation et la commercialisation de ces conservateurs interdits dans la formulation de leurs produits cosmétiques ».
Les résultats de l’enquête de la Répression des fraudes s’avèrent encourageants. Tout au moins au niveau de l’action contre les conservateurs interdits. Bien qu’autorisées, les molécules toxiques à éviter dans les produits cosmétiques ne se limitent pas aux conservateurs. Parmi elles, les perturbateurs endocriniens sont particulièrement à bannir et, hélas, la définition donnée en juillet dernier à ces substances par la Commission européenne s’est révélée bien trop minimaliste pour assurer la protection des consommateurs.
Sécurité sociale étudiante : la fin pour 2018 ou pour plus tard ?
Emmanuel Macron avait annoncé que les étudiants seraient rattachés directement au régime général de Sécurité sociale, revendication portée depuis 2012 par l’UFC-Que Choisir. Le principe est acquis mais le gouvernement hésite sur le calendrier.
Depuis l’étude de l’UFC-Que Choisir en 2012, suivie par un rapport de la cour des comptes en 2013 et un autre rapport du défenseur des droits en 2015, il n’y a plus vraiment de débat : le régime de Sécurité sociale des étudiants est une particularité à supprimer. Mis en place dans l’immédiat après-guerre, alors que la France comptait 150 000 étudiants à peine, il n’est plus du tout adapté à la situation actuelle. La France compte 2,5 millions d’élèves dans le supérieur, dont 1,8 million couverts par les mutuelles étudiantes. Chaque année, il faut inscrire et désinscrire des centaines de milliers de jeunes qui, pour la plupart, entreront dans le régime général.
Pour ne rien arranger, La mutuelle des étudiants (LMDE, 920 000 adhérents, soit un affilié sur deux) affichait jusqu’en 2014 des indicateurs de qualité de service désastreux, qu’il s’agisse de délais de remboursement ou de prise en charge des appels téléphoniques.
Placée sous sauvegarde judiciaire, elle a été reprise en main en 2015 par la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts), qui assure aujourd’hui le traitement des dossiers. Concrètement, la LMDE n’est plus que l’ombre d’elle-même et sa disparition totale serait à peine remarquée par les étudiants affiliés. Ceux qui sont rattachés à une des mutuelles régionales du groupe concurrent Emevia ont encore affaire à des entités réellement opérationnelles. Néanmoins, leur suppression devrait également se faire sans heurt. La Cnamts sait traiter les dossiers étudiants, et pourrait reprendre l’essentiel des salariés de toutes les mutuelles.
Seuls points en suspens, les complémentaires santé. Les mutuelles étudiantes en vendent, en plus de leur délégation de gestion du régime général. L’assurance maladie ne le fera pas. Cette activité de complémentaires pourrait facilement échoir à une mutuelle généraliste. Celles de la LMDE sont déjà gérées par Intériale, la mutuelle des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur.
Bref, toutes les difficultés sont aplanies, le régime étudiant est déjà à moitié absorbé.
Sur le plan législatif, il suffirait d’un amendement au projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) en cours de discussion pour éclaircir la situation. Dès la rentrée 2018, les étudiants se trouveraient rattachés à la Sécu et à la complémentaire de leurs parents, jusqu’à leurs 20 ans. Ensuite, ils basculeraient dans le régime général et prendraient une complémentaire santé sur le marché. La fédération des associations générales étudiantes (Fage) et Solidaires étudiants sont favorables à ce schéma. « Nous souhaitons une bascule rapide », plaide Jimmy Losfeld, porte-parole de la Fage. « Il faut que ce soit voté dans le PLFSS pour une entrée en vigueur à la prochaine rentrée universitaire. Si la décision est prise plus tard, ce sera pour la rentrée 2019, nous dit le cabinet d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé. »
D’ABORD LE RSI, ENSUITE LES ÉTUDIANTS ?
Un élément externe pèse sur le calendrier. La sécurité sociale se prépare à absorber le régime social des indépendants (RSI) en 2018, ce qui sera un chantier considérable. Il y a également la question délicate de la cotisation étudiante. Actuellement, les étudiants payent un forfait annuel de 207 € (ils ne peuvent pas cotiser comme les salariés, puisqu’ils n’ont pas de salaire, pour la plupart). La Fage et Solidaires demandent une adhésion gratuite. À trancher.
Le syndicat Unef défend pour sa part le particularisme étudiant, mais son point de vue est intéressé. Les représentants de l’Unef occupent tous les postes (rémunérés) d’administrateurs étudiants de la LMDE. La mort du régime lui ferait perdre des ressources financières significatives, à son échelle.
Dernière interrogation, qui assurerait les missions de prévention (alcool et autres addictions, MST, etc.) assumées par les mutuelles étudiantes ? La position de Solidaires étudiants en la matière est détonante. « Ces missions sont complètement bidon, assène Florent Chapelle, porte-parole de Solidaires. Les mutuelles étudiantes, aujourd’hui, sont capables de subventionner des fêtes où tout le monde sait que l’alcool va couler à flot, tout en y distribuant des flyers contre les dangers de l’alcool. »
« Les enquêtes sérieuses (et non celles commandées par les mutuelles dont la méthodologie est rarement dévoilée) », dit Solidaires sur son site, montrent que les étudiants « n’ont pas plus de « comportements à risque » que le reste de la population, au contraire. » Un point déjà soulevé parQue Choisir en 2012…
Viande : du bœuf contaminé vendu au rabais aux industriels
Dans son édition du mercredi 25 octobre, le Canard enchaîné révèle que plus de 8 000 vaches diagnostiquées positives à la tuberculose bovine finissent chaque année en barquette dans nos supermarchés. Une pratique certes légale, mais symptomatique des dérives d’une industrie bouchère qui cherche à baisser toujours davantage ses coûts, jusqu’à commercialiser des bêtes à terre. Le tout sans aucune information auprès des consommateurs.
Chaque année en France, 8 000 bêtes (soit 3 000 tonnes de viande) sont testées positives à la tuberculose bovine, abattues et néanmoins mises dans le circuit alimentaire. Une information révélée cette semaine par le Canard enchaîné suite à une indiscrétion de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), qui supervise les contrôles vétérinaires en abattoir.
Depuis 2004, la réglementation européenne prévoit en effet que lorsqu’une lésion tuberculeuse est détectée en abattoir dans un seul organe ou partie de la carcasse, « seul ce dernier est déclaré impropre à la consommation ». Tout le reste peut donc être commercialisé et la curée à bas coût peut commencer.
VIANDE AU RABAIS ET PROFITS INDUSTRIELS
En effet, les animaux testés positifs à la maladie sont retirés des troupeaux et abattus afin d’éviter d’autres contaminations, moyennant une compensation de l’État à l’éleveur. Un dédommagement prétexte pour les négociants à un rachat de la viande au rabais. Selon le Canard enchaîné, le kilo de carcasse de bœuf tomberait alors de 3,5 à 1,5 €. Parmi les industriels pointés du doigt : le groupe Bigard qui, selon le journal satirique, profiterait largement du filon du bœuf souffreteux.
Si la Confédération française de la boucherie, charcuterie, traiteurs (CFBCT) et l’Interprofession de viande bovine française (Interbev) se gardent pour l’heure de commentaires sur ce sujet sulfureux, d’autres langues se délient. Pour Jean-Christophe Prosper, grossiste en viande à Rungis (94) et artisan-boucher, « cela n’a rien d’étonnant dans la mesure où Bigard tire la majorité de ses bénéfices de ses hachés de viande, qui sont le premier mode de consommation de viande en France. Il tire les prix vers le bas en se fournissant en viande de basse qualité et en premier lieu en animaux dépréciés, que ce soit pour leurs défauts physiques – mauvaise constitution, blessure – ou pour cause de maladie ». Le boucher rappelle que si ces bêtes sont certifiées par les services sanitaires, elles ne sont pas valorisables pour la boucherie classique mais constituent une véritable manne pour les fabricants de haché à destination de la grande distribution ou de la restauration collective.
RECRUDESCENCE DE LA MALADIE
Si la tuberculose bovine, maladie bactérienne transmissible à l’homme, avait quasiment disparu de France en 2001, on assiste depuis 2004 à une forte recrudescence de la maladie chez les bovins, notamment en Côte-d’Or et en Dordogne, probablement liée à une contamination par la faune sauvage (blaireaux et sangliers). Quant au risque de transmission de l’animal à l’homme, il est jugé très faible mais pas nul. S’il concerne avant tout les éleveurs et vétérinaires au contact des animaux, des cas de contamination bactérienne du lait cru ou de la viande crue sont évoqués par la littérature scientifique, toutefois sans que des cas récents soient mentionnés.
L’ÉTIQUETAGE SE FAIT PORTER PÂLE
Cette affaire a de quoi émousser encore davantage la confiance du consommateur en la traçabilité de la viande. Rappelons qu’en 2013, le Sunday Times (1) révélait des pratiques similaires en Angleterre, où une agence vétérinaire publique vendait carrément elle-même, en toute légalité, des carcasses d’animaux tuberculeux à des abattoirs qui les destinaient au Vieux Continent et notamment à la France ! Dans un cas comme dans l’autre, on peut déplorer qu’il ne soit jamais fait mention sur l’étiquetage des causes de l’abattage de l’animal.
NOTES
Peintures pour enfants : trop de composés nocifs
Les peintures aux doigts, les tout-petits en raffolent. Et dès 3 ans, ils ont droit aux palettes de couleurs, aux pots et aux tubes de gouaches à l’eau. Le bonheur ! Malheureusement, notre test prouve que les peintures pour enfants contiennent trop souvent des substances nocives.
MIT, MCIT, phénoxyéthanol, formaldéhyde, voilà des mots un peu barbares que les habitués de nos articles sur les composés indésirables commencent à connaître. Mais on ne pensait pas avoir à alerter les familles en les cherchant dans des peintures destinées aux très jeunes enfants.
Pourtant, sur les 17 peintures pour les petits que nous avons testées, 12 contiennent les conservateurs les plus allergisants actuellement sur le marché, ou du phénoxyéthanol. Dans les deux cas, c’est préooccupant.
La MIT et la MCIT sont de très puissants allergènes par contact, responsables d’une véritable épidémie d’allergies. Il est irresponsable d’en inclure dans des peintures aux doigts conçues précisément pour que les tout-petits s’en mettent plein les mains, tout comme dans les peintures à l’eau pour les plus de 3 ans. Car même s’ils utilisent un pinceau, les enfants ont régulièrement de la peinture sur les doigts.
Quant au phénoxyéthanol, il est toxique pour le foie. S’il est jugé sans risques quand il ne dépasse pas 1 % dans la composition des cosmétiques pour adultes, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) recommande des limites beaucoup plus basses pour les enfants de moins de 3 ans. La limite actuelle est malheureusement fixée à 1 % dans les peintures aux doigts, c’est aberrant.
Si bien que sur les 7 peintures aux doigts analysées, une seule peut être conseillée. Le choix en peintures à l’eau est un peu plus étendu pour les plus de 3 ans, avec 4 produits bien notés sur 10.
Source : https://www.quechoisir.org/actualite-peintures-pour-enfants-trop-de-composes-nocifs-n47816/
Ampoules LED (vidéo) : privilégiez les LED performantes et non dangereuses
Les ampoules LED sont enfin numéro un des ventes devant les halogènes énergivores. C’est une excellente nouvelle, à condition d’opter pour celles qui durent longtemps et qui ne présentent pas de risques pour les yeux. Sur les 20 LED passées sur notre banc d’essai, 5 sont éliminées et 6 mal notées.
Les ampoules LED annoncent des durées de fonctionnement absolument phénoménales, de 15 000 voire 25 000 heures, autrement dit 15 ou 25 ans d’utilisation puisque le temps d’éclairage moyen est de 1 000 heures par an. Mais en réalité, aucun laboratoire ni aucun fabricant n’ont jamais effectué de test sur une telle durée de vie. Que Choisir non plus car il faudrait au moins 2 ans pour éprouver de telles durées, les modèles ne seraient plus en vente une fois nos résultats disponibles !
Pour évaluer leur durée de fonctionnement, nous avons donc défini un protocole de test spécifique aux LED et particulièrement sévère. Nos essais de vieillissement accéléré sollicitent fortement leurs composants électroniques. Ce test permet donc d’éliminer les LED qui flanchent trop vite et de repérer celles qui fonctionneront de longues années.
Les 14 ampoules LED de forme classique que nous avons évaluées peuvent ainsi être classées en 2 groupes, celui des 8 ampoules qui vont fonctionner longtemps en éclairant bien, et 6 autres qui sont mal notées, soit parce qu’elles flanchent avant la fin de nos essais, soit parce qu’elles éclairent nettement moins à leur issue.
Le prix ne fait rien à l’affaire. Des LED vendues 5 €, Ego et Foxter, se classent très bien, alors qu’on a du médiocre à 16 € et une lanterne rouge qui vaut 9 € !
Compte tenu de l’alerte sur les risques des LED pour la vue lancée par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), puis étoffée depuis par deux études de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), nos essais d’efficacité ont été complétés par un test de photobiologie. Cette fois, si les 14 ampoules LED classiques s’en sortent bien, 5 des 6 spots évalués sont éliminésen raison des risques qu’ils présentent pour les yeux. Leur luminance bleue, celle qui est toxique pour l’œil, est élevée du fait de leur faisceau très directif et de leur angle d’éclairage très restreint.
Service universel postal : les consommateurs voient rouge !
Suite à la récente validation par l’Arcep des hausses de tarifs des prestations du service universel postal souhaitées par La Poste pour l’année 2018, l’UFC-Que Choisir s’émeut de l’inflation galopante des tarifs des prestations destinées aux consommateurs, et particulièrement de la lettre prioritaire, alors même que sa qualité de service ne cesse de se dégrader. Attachée à l’accessibilité tarifaire du courrier autant qu’à une qualité de service à la hauteur de prix toujours plus chers, l’UFC-Que Choisir demande à l’Etat d’imposer à La Poste des objectifs ambitieux de qualité de service, accompagnés de sanctions s’ils ne sont pas atteints.
Les consommateurs durement visés par les hausses de prix
Alors que l’étude1 consacrée au Service universel postal publiée par l’UFC-Que Choisir il y a deux ans pointait du doigt l’opacité des fondements des hausses tarifaires, systématiquement défavorables aux usagers particuliers par rapport aux professionnels, force est de constater, à la lecture du dernier avis de l’ARCEP, que la situation perdure et que les consommateurs sont toujours les principales victimes de ces hausses.
Ainsi, au bénéfice d’une décision de l’Arcep particulièrement opportune2, la Lettre prioritaire (livraison à J+1) verra son tarif augmenter de 11,8 % au 1er janvier 2018 pour la porter à 0,95 €3, ce qui montera à 58,3 % l’inflation du timbre rouge depuis 2012. Si ces hausses ont, sinon pour but, au moins pour effet de détourner les consommateurs de la Lettre prioritaire, le recours par défaut à la Lettre Verte (livraison à J+2) ne protège pas pour autant leur budget. En effet, le tarif de cette prestation croît vertigineusement (+ 40,4 % depuis son lancement en 2011). Au 1er janvier, les consommateurs paieront la Lettre Verte 0,80 €, soit le même prix que la Lettre prioritaire deux ans auparavant !
Qui plus est, les consommateurs voient la facture grimper bien plus que les professionnels, puisqu’au 1er janvier 2018, toutes gammes de courriers confondues, celle des consommateurs aura en moyenne augmenté de 53,4 % depuis 2010, contre 42,3 % pour celle des professionnels. Ceci est d’autant plus choquant que l’explication avancée de ces hausses différenciées par la baisse des volumes ne convainc pas. En effet, si entre 2010 et 2016 une baisse annuelle moyenne des volumes des courriers envoyés par les particuliers de 5,79 % devait justifier une hausse moyenne des tarifs de 5,07 % par an, comment expliquer qu’une baisse des volumes plus importante du courrier envoyé par les entreprises ou de la publicité adressée (respectivement 7,44 % et 6,19 % par an en moyenne), ne donne lieu qu’à des hausses plus faibles, voire anecdotiques, des tarifs (respectivement 4,15 % et 0,96 % annuels) ?
Augmentation des prix rime avec dégradation du service
Si ces hausses tarifaires avaient pour corolaire une augmentation de la qualité de service, la pilule aurait moins de mal à passer pour les usagers. Mais, hélas !, cette qualité se dégrade fortement. En effet, sur 14 indicateurs relatifs à la qualité de l’acheminement du courrier et du colis, 9 sont en baisse en 2016.
Le cas de la Lettre prioritaire est d’ailleurs parfaitement symptomatique de cette désagréable corrélation entre hausse des prix et baisse de la qualité de service. En effet, et alors que l’objectif de qualité de service fixé à La Poste (85 % de courriers livrés à J+1) est déjà très en deçà des objectifs pesant sur ses homologues européens, le résultat du terrain met en évidence qu’il n’est même pas atteint puisqu’il se porte à 84,9 % en 2016, alors qu’ailleurs en Europe la fiabilité du service est bien davantage au rendez-vous (par exemple 93,1 % au Royaume-Uni).
Cette détérioration de la qualité, pour inacceptable qu’elle soit, n’est toutefois pas surprenante. En effet, la bienveillance de l’Etat pour masquer les défaillances de La Poste4, et l’absence de sanctions lorsque les objectifs de qualité de service ne sont pas atteints, n’encouragent pas l’opérateur postal à trouver les ressources en termes d’organisation pour assurer aux consommateurs une fiabilité à la hauteur des hausses tarifaires qui pèsent sur eux. Une telle situation ne peut plus perdurer et l’Etat doit prendre ses responsabilités, alors qu’un nouveau contrat d’entreprise noué avec La Poste pour les années à venir est en préparation.
Au vu de ces éléments, l’UFC-Que Choisir, soucieuse de garantir aux consommateurs des tarifs postaux répondant à des critères parfaitement transparents et une qualité de service conforme à leurs attentes, demande :
– A l’Etat, dans le cadre du contrat d’entreprise Etat – La Poste en préparation pour la période 2018-2022, d’imposer à La Poste un haut niveau d’exigence de qualité, à la mesure des hausses tarifaires déjà appliquées, et de mettre en place un mécanisme visant à sanctionner l’opérateur postal si les objectifs ne sont pas atteints ;
– A l’Arcep de davantage tenir compte de l’impact consumériste de ses décisions concernant le service universel postal.
NOTES
Plateformes en ligne : les contours flous de la transparence
Le billet du Président
Il y a un près d’un an, la loi pour une République numérique venait définir le concept d’opérateurs de plateformes et leur imposait un principe de loyauté. Par un décret, le Gouvernement vient de préciser ces notions en imposant de nouvelles obligations à ces acteurs. Ces mesures permettront-elles de tracer les contours du cercle vertueux de la transparence, allié indispensable de la confiance des consommateurs dans les plateformes ?
Les opérateurs de plateformes désignent entre autres les moteurs de recherches, les comparateurs, les sites d’intermédiation de prestation de services ou d’achats ou encore de nombreux services liés à l’économie collaborative… Tous ont un point commun : ils sont toujours utilisés, au moins partiellement, par des non professionnels. Afin de comprendre ses droits, et l’implication de ses actes sur ces sites, il est nécessaire que chaque internaute soit informé de manière claire et transparente de ce qu’il y voit… et de ce qu’il n’y voit pas mais a une influence directe sur son comportement. A ce titre, dès lors qu’une relation commerciale influence le classement d’un contenu référencé (Google Maps pour Google par exemple), les moteurs de recherche devront faire apparaitre cette information à proximité de celui-ci. La distinction entre les contenus sponsorisés, et les contenus issus du référencement naturel devrait ainsi gagner en clarté, et les internautes bénéficier d’une meilleure posture pour se déterminer librement.
En ce qui concerne les plateformes relatives à la mise en relation de plusieurs parties – du type Le Bon Coin – je me réjouis que les informations relatives au droit de rétractation, à l’absence de garantie légale de conformité ou encore le renvoi vers les dispositions relatives aux droits de chaque partie doivent désormais être accessibles via un lien hypertexte. Cela permettra à qui le souhaite de connaître ses droits en un clic ! Pour autant, je regrette que le décret n’aille pas plus loin en ce qui concerne la qualité des offreurs. Alors que le décret oblige les parties à se déclarer en tant que professionnel ou non, aucun critère clair de distinction n’a été précisé par le décret malgré nos demandes en ce sens laissant planer un trop grand flou.
Du flou, il y en a aussi sur la définition des avis en ligne inscrite dans un décret censé encadrer les informations que les opérateurs auront à fournir sur le contrôle des avis qu’ils réalisent. Je regrette que la définition des avis en ligne exclue les parrainages, les recommandations des utilisateurs d’avis en ligne ainsi que les avis d’experts. Je m’inquiète du champ d’application limité et du manque de précision de ces notions et me pose la question de la sécurité juridique de cette rédaction. En effet, à titre d’exemple, concernant la qualité d’une perceuse, comment distinguer un « avis d’expert », d’un avis d’une personne bricolant très fréquemment, d’un classement Que Choisir ? Alors que la DGCCRF révélait récemment que 35 % des commentaires postés relèvent de pratiques commerciales trompeuses, vous comprendrez là aussi mon inquiétude.
Ainsi, si ces décrets sont positifs dans l’ensemble, je ne peux que délivrer un « peut mieux faire ». Surtout, il est nécessaire de garder à l’esprit qu’il ne s’agit que d’une première pierre à l’édifice. L’enjeu de demain résidera certainement en la pose des suivantes. En effet, les algorithmes et intelligences artificielles devraient représenter l’essentiel de l’Internet de demain. La transparence et l’information des consommateurs seront dès lors absolument indispensables pour prévenir au mieux la manipulation de l’esprit de l’internaute et donc garantir la liberté du consommateur dans ses choix et décisions. C’est l’un des sujets qui sera abordé lors du colloque de l’UFC-Que Choisir intitulé « La donnée au cœur de nos modes de consommation : Opportunités et Risques » qui se déroulera le 14 décembre prochain… Bref, nous n’avons pas fini de parler de ce sujet.
M. Alain Bazot
Energie : Cdiscount devient fournisseur d’électricité
Pas de doute, Cdiscount frappe fort pour son arrivée sur le marché de l’énergie en tant que fournisseur d’électricité. Avec – 15 % sur le prix du kilowattheure, il écrase la concurrence.
Le groupe Casino s’était déjà diversifié en devenant fournisseur d’électricité avec sa filiale GreenYellow, il y a quelque temps. « Que Choisir » avait aussitôt classé l’offre « 10 % moins chère, 100 % connectée, 100 % verte » parmi les plus compétitives du marché tout en soulignant que son côté « vert » ne présentait aucun intérêt. Le groupe Casino refait parler de lui avec, ce jeudi, l’entrée tonitruante de sa filiale de l’e-commerce Cdiscount sur le marché de l’électricité. – 15 % sur le prix du kilowattheure, c’est bel et bien du jamais vu en dehors des opérations « Énergie moins chère ensemble » organisées par l’UFC-Que Choisir. L’offre écrase la concurrence et se place d’office devant les fournisseurs jusque-là les mieux-disants, qu’il s’agisse de Direct Énergie online ou de Total Spring (ex-Lampiris), qui vient de se lancer avec une offre à – 10 %.
Mais attention, si l’offre est bien la plus compétitive, le web-marchand Cdiscount est connu pour de nombreux litiges à l’UFC-Que Choisir. Il est aussi très mal noté dans le comparatif de « Que Choisir » sur les web-marchands. Sur les 19 sites marchands évalués, il se place en effet en queue de peloton. Même si le monde de l’énergie est différent de celui du commerce en ligne, « Que Choisir » ne peut émettre qu’un avis très réservé sur l’offre énergie de Cdiscount, sa réputation ne plaidant pas en sa faveur.
Grippe : les solutions homéopathiques ne sont pas des vaccins
Malgré le rappel à l’ordre l’an dernier de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), certaines pharmacies usent encore de l’appellation « vaccin homéopathique contre la grippe ».
Dans toutes les pharmacies ou presque, une affichette en vitrine avertit les clients de l’arrivage du vaccin contre la grippe, millésime 2017-2018. Certaines officines, beaucoup moins nombreuses c’est vrai, n’hésitent pas à englober sous ce terme les remèdes et packs homéopathiques. Sur Twitter, une photo prise à Nantes par un médecin a largement circulé, montrant une étiquette « « vaccin » antigrippe homéopathique » posée sur un comptoir. De notre côté, nous avons constaté sur Internet que Mon Coin Santé, le site d’une pharmacie basée à Trélon (Nord), utilisait la même terminologie pour vendre la gamme influenzinum de Boiron. Enfin, au comptoir d’une pharmacie parisienne du XIIe arrondissement de Paris, notre demande de vaccin homéopathique contre la grippe a été pleinement satisfaite, sans avertissement ni conseil.
L’an dernier déjà, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait dû réagir contre l’usage de l’expression « vaccin homéopathique ». Elle a rappelé sa position il y a quelques jours, selon laquelle aucun produit homéopathique ne peut se prévaloir du terme « vaccin ». De notre côté, malgré nos réserves sur l’efficacité du vaccin antigrippal classique, nous nous devons de redire à nos lecteurs que l’homéopathie, quelle que soit la spécialité concernée, n’a jamais fait la preuve de son efficacité. Jusqu’à preuve du contraire, il s’agit de billes de sucre vendues à un prix prohibitif.